À partir de 2027, un nouveau mécanisme européen appelé ETS2 (Système d’échange de quotas d’émission pour les carburants et le chauffage fossile) viendra renchérir progressivement le coût du mazout, du gaz naturel, de l’essence et du diesel (comme celui qui existe déjà pour les grandes industries et les compagnies aériennes)
Chaque litre ou m³ consommé sera associé à une taxe carbone qui reflète son impact climatique, un peu comme nous payons déjà pour nos déchets ménagers.
Qui sera impacté par l’ETS de 2027 ? #
Tous les citoyens qui consomment encore des énergies fossiles, que ce soit :
- pour le chauffage domestique (gaz, mazout),
- ou pour les carburants routiers (essence, diesel).
Dès 2027, cela représentera quelques centaines d’euros par an pour un ménage moyen, et ce coût pourrait croître fortement si le prix du CO₂ augmente.
Chez BeProsumer, on nous pose souvent la question de savoir comment investir dans son installation photovoltaïque sans perdre le principe du compteur qui tourne à l’envers.
Notre réponse est claire : il est possible de modifier à la hausse une installation photovoltaïque sans perdre ce principe (en savoir plus).
Néanmoins, nous préférons souligner qu’aujourd’hui il est souvent plus intéressant, si l’on souhaite investir pour faire des économies d’énergie, de privilégier l’optimisation de la consommation plutôt que l’augmentation de la production.
Il y a deux possibilités pour optimiser sa consommation :
- Jouer sur les nouveaux tarifs de 2026 (en savoir plus) et les contrats flexibles des fournisseurs grâce à une batterie intelligente (en savoir plus),
- transférer une partie de la consommation d’énergie fossile vers de l’électricité via une pompe à chaleur. C'est cette piste que nous allons développer ci dessous
Pourquoi cet enjeu est particulier pour les prosumers ? #
Beaucoup de nos membres disposent encore du principe du compteur qui tourne à l’envers (net metering / Compensation), qui restera valable jusqu’au 31 décembre 2030. (en savoir plus)
Or, nombre de prosumers constatent qu’en fin d’année qu’une partie de leur surproduction photovoltaïque (parfois plusieurs milliers de kWh) est perdue (en savoir plus) car elle n’est pas valorisée financièrement si elle n’a pas été consommée avant le relevé annuel des index (en savoir plus).
👉 Autrement dit : vous offrez gratuitement au réseau une partie de votre énergie solaire, alors que cette même quantité d’énergie pourrait vous éviter de payer, dès 2027, la taxe ETS2 sur vos consommations fossiles, surtout si les énergies fossiles utilisées pour le chauffage étaient remplacées par ce surplus de production électrique.
Une piste concrète : la pompe à chaleur air-air #

Une solution consiste donc à transférer dès aujourd’hui une partie de votre consommation fossile vers l’électricité produite par vos panneaux.
L’investissement type est une petite pompe à chaleur air-air installée dans une pièce de vie principale (salon, salle à manger).
- En été : elle permet de refroidir, offrant un confort supplémentaire tout en allégeant le réseau électrique précisément lorsqu’il est le plus sollicité.
- En hiver : elle chauffe efficacement en allant chercher les calories présentes dans l’air extérieur, même quand il fait froid.
👉 Contrairement à un chauffage électrique à résistance (qui consomme 1 kWh d’électricité pour 1 kWh de chaleur), la pompe à chaleur offre un rendement de 3 à 4 : 1 kWh d’électricité consommé = 3 à 4 kWh de chaleur restituée.
👉 Contrairement à une pompe à chaleur AIR-EAU, ce système ne remplace pas le système de chauffage existant, qui peut donc rester en place « au cas où ». Il offre ainsi une flexibilité supplémentaire sans nécessiter la suppression de l’installation actuelle.
Le calcul ci-dessous est en cours de vérification.
La conclusion peut varier en fonction des corrections nécessaires.
Exemple chiffré (sur 5 ans, jusqu’à fin 2030) #
Hypothèse :
- Surproduction actuelle : 2 000 kWh/an disponibles pour la PAC (au lieu d'être perdus).
- COP moyen de la PAC air-air (SCOP) : 3,5 → 2 000 kWh élec/an ≈ 7 000 kWh de chaleur utile/an.
- Rendements de référence : chaudière gaz 90 %, chaudière mazout 85 %.
- Facteurs d'émission : gaz 2,0 kg CO₂/m³, mazout 2,68 kg CO₂/L.
- Hypothèses de prix (à adapter à votre contrat) : gaz 0,60 €/m³, mazout 1,00 €/L.
- Prix du CO₂ pour ETS2 : 45 €/t.
Pourquoi 7 000 kWh de chaleur/an est plausible pour un séjour (living + salle à manger) d’une maison 4 façades « moyenne » en Wallonie ? #
- Règle kWh/m².an
• Maisons 4 façades « moyennes » (pas neuves, isolation correcte sans plus) : 80–120 kWh/m².an pour des pièces chauffées en continu.
• Pour 50–70 m² de séjour, on obtient 4 000–8 400 kWh/an.
👉 7 000 kWh tombe en plein dans la fourchette. - Vérification par puissance de déperdition
• Hypothèse simple : ~60 W/m² de puissance de pointe pour une maison moyenne.
• Pour 60 m², puissance ≈ 3,6 kW.
• Heures équivalentes pleine puissance sur la saison : ~1 800 h → 3,6 × 1 800 ≈ 6 500 kWh.
👉 Cohérent avec ~7 000 kWh. - Vérification par part du bâtiment
• Une maison 4 façades typique (non neuve) peut consommer 12–20 MWh de chaleur pour tout le bâtiment.
• Le séjour représente souvent ~30–40 % des besoins si chauffé confortablement → 3,6–8,0 MWh.
👉 7 MWh reste crédible si le séjour est grand et bien chauffé.
Conséquences selon le système (pour 7 000 kWh de chaleur utile) #
- Chaudière gaz (rendement saisonnier ~90 %) : besoin ≈ 7 800 kWh PCI → ~700–750 m³/an (ordre de grandeur).
- Chaudière mazout (≈ 10 kWh/L, rendement 85–90 %) : besoin ≈ ~700–825 L/an selon le rendement retenu.
- Pompe à chaleur air-air (SCOP 3,0–3,5) : électricité ≈ 2 000–2 300 kWh/an.
Volume fossile évité (pour 7 000 kWh de chaleur/an) #
- Gaz : 7 000 / 0,90 = 7 778 kWh ≈ 752 m³/an → ≈ 1,50 t CO₂/an.
- Mazout : 7 000 / 0,85 = 8 235 kWh ≈ 824 L/an → ≈ 2,21 t CO₂/an.
Coût annuel évité #
- Gaz (hors ETS) : 752 m³ × 0,60 € = ≈ 451 € / an.
- Mazout (hors ETS) : 824 L × 1,00 € = ≈ 824 € / an.
- ETS2 évité/an : gaz ≈ 68 €, mazout ≈ 100 €.
(l’ETS2 s’applique de 2027 à 2030 dans cet exemple 5 ans → 4 années d’ETS)
Coût de l’investissement #
- Petite pompe à chaleur air-air : ≈ 4 000 € installée.
Valorisation économique (période 5 ans, jusqu’à fin 2030) #
- Économie sur gaz non consommé (hors ETS) : ≈ 2 255 €.
- Économie sur mazout non consommé (hors ETS) : ≈ 4 120 €.
- ETS2 évité : gaz ≈ 270 € (2027–2030), mazout ≈ 400 € (2027–2030).
- Surproduction PV utilisée : 2 000 kWh élec/an → 7 000 kWh chaleur/an (référence de calcul).
Bilan net indicatif :
- Scénario gaz : 4 000 € – (2 255 € + 270 €) = ~1 475 € à financer sur 5 ans.
Si l’on valorise aussi la surproduction « perdue » (2 000 kWh × 0,30 € × 5 = 3 000 €), l’investissement devient entièrement compensé et même positif (~ –1 525 €). - Scénario mazout : 4 000 € – (4 120 € + 400 €) = ~ –520 € (gain net).
Avec la valorisation de la surproduction « perdue » (3 000 €), le gain total atteint ~ –3 520 €.
Conclusion #
Sur base de ces calculs, on peut considérer l’ETS2 de 2027 comme une taxe supplémentaire qui met à nouveau à contribution le citoyen. Mais grâce à la spécificité du compteur qui tourne à l’envers pour les prosumers disposant d’une surproduction annuelle non valorisée, il est possible dès 2025 d’investir dans une pompe à chaleur qui vous préservera en partie des futures taxes sur les énergies fossiles, tout en dégageant un bénéfice et en valorisant cette surproduction.
Pour ceux qui n’ont pas de surproduction photovoltaïque, les calculs montrent que le transfert du mazout vers une pompe à chaleur permet malgré tout de financer l’intégralité de l’investissement, avec un gain d’environ 500 € sur 5 ans.
Pour ceux qui chauffent au gaz, l’opération permet de financer une pompe à chaleur d’environ 4 000 € qui reviendrait au final à 1 500 € sur 5 ans, et qui générera encore certains bénéfices après le 31 décembre 2030.
En effet, après cette date, le compteur ne tournera plus à l’envers (en savoir plus) et il sera essentiel de consommer directement l’énergie produite par vos panneaux. L’injection sur le réseau n’aura alors plus de valeur, car elle ne pourra pas être compensée par du prélèvement et ne vaut quasiment rien au moment ou l'injection a lieu avec le Tarif d'injection proposé par les fournisseurs.
Investir dès aujourd’hui dans une pompe à chaleur air-air permet donc de transformer la consommation d’une énergie fossile en énergie électrique grâce à un système performant. Ce transfert rend possible l’acquisition de l’appareil sur 5 ans à moindre coût, voire dans sa quasi-intégralité. Et pour les prosumers disposant d’une surproduction annuelle, cette même pompe à chaleur offre la possibilité de générer un bénéfice significatif, allant de plusieurs centaines à plusieurs milliers d’euros selon l’ampleur de la surproduction, tout en préparant la nouvelle réalité post-2030 : consommer directement son électricité solaire, augmenter son autoconsommation et même tenter de limiter le tarif prosumer d'ici là (en savoir plus).