Revue de presse

BeProsumer rencontre les Formateurs du futur gouvernement wallon dans le cadre des concertations avec la société civile

Le vendredi 21 juin 2024, une réunion cruciale s'est tenue entre Georges-Louis Bouchez, Maxime Prévot et les acteurs de l'énergie, dont l'association BeProsumer. Bien que prévue pour 17h, la rencontre a débuté avec un retard conséquent en raison de discussions prolongées sur la mobilité et s'est terminée tard dans la nuit. Voici un compte rendu détaillé des interventions de Régis François et Rémi Thirion.


Intervention de Régis François :

Stabilité Juridique et Vision à Long Terme

Régis François, président de BeProsumer, a pris la parole en premier lors de l’intervention de BeProsumer. Il a souligné l'importance d'un cadre juridique stable et d'une vision à moyen et long terme pour les acteurs de l'énergie renouvelable. « Nous vivons dans un vide juridique depuis de nombreuses années, ce qui sape la confiance des consommateurs et freine la transition énergétique », a-t-il déclaré. Régis François a insisté sur la nécessité de politiques cohérentes et prévisibles pour stimuler les investissements. La fréquence des changements législatifs crée de l'incertitude, décourageant ainsi les investisseurs potentiels, qu'ils soient particuliers ou entreprises, à s'engager dans des projets de transition énergétique.

Dossier des Certificats Verts Wallons

Régis François a ensuite abordé le dossier des certificats verts, un sujet controversé depuis de nombreuses années, qui affecte encore 16 000 personnes en justice. « Il y a toujours 16 000 personnes en justice à cause des certificats verts. Il est temps de mettre un terme à cette incertitude », a-t-il insisté. La résolution de ce dossier est cruciale pour restaurer la stabilité nécessaire au développement des énergies renouvelables en Wallonie. Régis François a souligné que clore ce chapitre éviterait de futurs litiges.

Développement Photovoltaïque

Régis François a dénoncé la volonté de certains de se tourner vers l'« agri-voltaïsme » (le photovoltaïque sur des terrains agricoles). Situés en zones rurales, ces projets manquent souvent de points de connexion au réseau, nécessitant ainsi des dépenses conséquentes pour les plus grosses installations. Quant aux plus petites, si elles sont connectées à un réseau basse tension déjà saturé en zone rurale, cela ne contribue pas à l’amélioration de la situation des prosumers victimes de décrochage, à moins d’y adjoindre un parc de batteries capable d’absorber la production diurne pour la restituer sur le réseau la nuit.

Il est préférable d’investir en zones urbaines ou périurbaines où les points de connexion sont nombreux et la capacité d’absorption suffisante pour des projets sur des surfaces inutilisées. En concentrant les efforts sur ces zones, les projets photovoltaïques peuvent être mieux intégrés au réseau électrique existant, réduisant ainsi les risques de saturation et de décrochage. Les surfaces mortes, telles que les toits des parkings et autres infrastructures non-agricoles, représentent des opportunités optimales pour l’installation de panneaux solaires sans empiéter sur les terres agricoles et tout en maximisant l'efficacité énergétique.

Développement Photovoltaïque sur les Bâtiments Publics

Régis François a également exprimé sa prudence quant à l'initiative de certaines communes de surcharger les toits des écoles et des bâtiments publics de panneaux solaires, en particulier dans les zones rurales où les réseaux sont déjà fragiles. « Blinder le toit d’une école dans un village qui connaît déjà des problèmes de réseau n’aidera pas », a-t-il expliqué. Il a mis en garde contre les risques de surcharger encore davantage les réseaux existants, appelant à une planification plus réfléchie des installations solaires pour éviter de nouveaux déséquilibres.

Éolien Onshore et Photovoltaïque

Régis François a exprimé ses préoccupations concernant l'impact des éoliennes sur les installations photovoltaïques et sur les communautés locales. « Voir arriver de nouvelles éoliennes à 500 mètres de chez soi alors que ses propres panneaux solaires ne fonctionnent pas correctement n'est pas acceptable », a-t-il souligné. Il a plaidé pour une meilleure coordination entre les différents projets d'énergies renouvelables pour minimiser les conflits et maximiser les bénéfices pour les communautés locales.

Aides et Mécanismes de Soutien pour les Filières du Renouvelable

Lors de la réunion, Régis François a abordé la question des aides pour les filières du renouvelable, soulevée par le gouvernement. Il a proposé la suppression complète du système de certificats verts pour toutes les filières énergétiques, tant pour les particuliers que pour les professionnels, concernant les nouveaux projets. Selon lui, ce mécanisme pourrait être remplacé par un système de "contract for difference", garantissant un prix de rachat fixe et correct. Ce changement assurerait la viabilité et la durabilité des nouvelles installations d'énergie renouvelable, simplifiant les démarches et stabilisant le cadre financier des projets énergétiques. Régis François a souligné que cette approche serait bénéfique pour tous les acteurs du secteur, en offrant une stabilité financière et une transparence accrues. Il a également mentionné que des subsides pourraient être accordés s'ils permettent de réduire les investissements publics, contribuant ainsi à une utilisation plus efficace des ressources financières.

Tarifications Spécifiques pour les Pompes à Chaleur

Régis François a également exprimé des préoccupations concernant les tarifications spécifiques pour les propriétaires de pompes à chaleur. « Que veut-on ? Beaucoup de gens vont se tourner vers les pompes à chaleur, et cela risque de déséquilibrer les réseaux d’électricité », a-t-il noté. Régis François a appelé à une stratégie claire et cohérente pour encourager l'adoption des pompes à chaleur tout en garantissant la stabilité du réseau électrique.

Certaines organisations plaident pour une tarification contraignante de l'énergie utilisée par les pompes à chaleur, ce qui nous préoccupe. Nous demandons au gouvernement de tout faire pour favoriser cette filière et non de la freiner par des contraintes.

Compteurs qui tournent à l'envers (principe de compensation)

Enfin, Régis François a plaidé pour le maintien des compteurs qui tournent à l’envers. « Vous avez une opportunité unique ce lundi lors de votre rencontre avec Bart De Wever de demander clairement à Madame Demire qu'elle retire son recours contre le compteur qui tourne à l'envers », a-t-il insisté. Régis François a mentionné que ce dossier touche 360 000 foyers et donc potentiellement 700 000 citoyens wallons. Il a clairement fait comprendre aux formateurs à deux reprises que si l’arrêté devait être annulé, le gouvernement wallon devrait en sortir un nouveau.

Investissements et Décrochages

Régis François a souligné la nécessité d'investissements importants pour améliorer le réseau et éviter les décrochages des onduleurs. Il a proposé une montée au capital des gestionnaires de réseau (GRD) par la région wallonne pour éviter des répercussions sur les factures de tous les consommateurs.


Intervention de Rémi Thirion :

Problématique des Décrochages

Rémi Thirion, vice-président de BeProsumer, a ensuite pris la parole : « Les décrochages des onduleurs sont un problème majeur pour les prosumers, causés par les fluctuations de tension sur un réseau inadapté au parc photovoltaïque actuel », a-t-il déclaré. Rémi Thirion a expliqué que ces interruptions entraînent des pertes financières conséquentes pour les propriétaires de panneaux solaires mais aussi pour les autres citoyens qui voient arriver dans leurs prises de courant des tensions qui endommagent les appareils électroménagers.

Initiatives de BeProsumer : Jusqu’à aujourd’hui, la pédagogie

Rémi Thirion a rappelé qu'un an presque jour pour jour, BeProsumer était invité devant le parlement wallon concernant la problématique des décrochages. Lors de cette audition, il avait évoqué les deux angles d’attaque : « Au-delà du compteur », là où les GRD ont un impact, et « en deçà du compteur », là où BeProsumer a un impact. Il a détaillé les initiatives de BeProsumer pour lutter contre ces décrochages en deçà du compteur. Il a mis en avant les efforts de l'association en matière de pédagogie, incluant des informations en ligne (FAQ et Assistance), sur les réseaux sociaux (Facebook, x.com, LinkedInn) des participations à des conférences sur l’énergie à l’initiative des villes et des communes, et la co-organisation du salon Solar Expo au WEX ù s'est déroulée notre assemblée générale en mai 2024.

À partir d’aujourd’hui : Aller plus loin grâce aux données en temps réel

Rémi Thirion a également souligné les défis actuels liés à la collecte de données. « Les compteurs électromécaniques ne fournissent pas de données, « tout le monde est aveugle », a-t-il expliqué. Bien que les compteurs communicants améliorent la situation, ils restent insuffisants car les données sont agrégées par quart d’heure et envoyées une fois par jour aux gestionnaires de réseau. « Les GRD ne sont plus aveugles mais restent myopes », a-t-il ajouté.

« En 2024, le monde entier se passe en temps réel… sauf le réseau basse tension en bout de ligne »

Pour être clairvoyants, les acteurs de l’énergie doivent pouvoir avoir accès aux données en temps réel. « La réactivité est la clé pour lutter contre les décrochages et l’information instantanée celle de la transition énergétique ».

BeProsumer promeut donc le Compteur communicant (Compteur digital) depuis plusieurs années spécifiquement pour les raisons évoquées ci dessus.

Solutions Proposées : Une plateforme de collecte et de partage

Pour surmonter ces défis, Rémi Thirion a annoncé la création d’une plateforme en ligne sécurisée pour partager les données des compteurs communicants en temps réel avec les acteurs du secteur de l’énergie. « Cet outil n’existe pas aujourd’hui alors nous avons décidé de le créer et de le rendre disponible à tous les acteurs de l’énergie avec l’accord explicite du citoyen évidemment ». Rémi Thirion a mentionné que sur cette plateforme, le consommateur pourrait choisir de partager ou non les données de son compteur avec son installateur en cas d’anomalie, avec la CWAPE en cas de litige, avec sa voiture électrique pour charger sa surproduction solaire mais aussi avec BeProsumer pour détecter les décrochages, quantifier les préjudices subis et les faire valoir auprès de son GRD de manière objective en se basant sur des données homologuées puisqu’elles sont mesurées par le compteur du GRD. « Nous avons l’intime conviction que cette plateforme sera un outil d’utilité publique car quand on a les données, les possibilités sont infinies », a-t-il expliqué. Il a également mentionné la création d’une deuxième version du cadastre des décrochages : « Avec un cadastre des décrochages en temps réel, nous pourrons par exemple vérifier lorsque le vent souffle si oui ou non les éoliennes ont un impact sur nos installations solaires comme beaucoup de nos membres le prétendent », a-t-il précisé.

Optimisation de l’autoconsommation

Rémi Thirion a mis en avant l'importance d'optimiser l'autoconsommation en fournissant des conseils personnalisés aux prosumers pour utiliser leur production énergétique de manière plus efficace. Il rappelle que lorsque le GRD reconnaît les surtensions après une courte analyse des données envoyées par le compteur communicant, il écrit généralement un courrier qui annonce des travaux dans les deux ou trois ans à venir et conseille d’autoconsommer. « Maintenant que nous pouvons voir les données de production et de tension de nos membres, nous pouvons leur faire remarquer que chauffer l’eau sur une phase qui n’est pas la même que celle sur laquelle est branché l’onduleur qui décroche n’a aucun intérêt », a-t-il expliqué. Il a également proposé l'activation intelligente des appareils électroménagers et des recharges de voitures électriques ainsi que le placement de batteries le long de la ligne chez les citoyens qui réagiraient en fonction de la tension pour éviter au réseau de saturer : « Comme pour une écluse où nous contrôlerions la vanne juste pour que le fleuve ne déborde pas en amont ».

Déploiement de la Plateforme

Rémi Thirion a annoncé que la plateforme OpenWatt est déjà en ligne et fonctionnelle. Son développement va continuer dans les mois à venir en fonction des demandes des différents acteurs de l’énergie en Belgique. La collecte de données a déjà commencé et les Dongle P1 de OpenWatt (appelés jusqu’ici BeProsumerBox) sont en cours de déploiement progressif. L'objectif est de rendre cette plateforme compatible avec tous les fabricants de dongles P1 afin de faciliter une adoption large. Nous invitons les différentes sociétés à nous contacter pour recevoir les spécifications techniques de compatibilité en vue de recevoir la certification « BeProsumer Ready ».

Que demande BeProsumer dans le cadre des décrochages ?

Pour soutenir ces initiatives, Rémi Thirion a formulé plusieurs demandes spécifiques :

Réactions des Gestionnaires de Réseau

Un gestionnaire de réseau a reconnu que certains problèmes de décrochage ne pourraient pas être résolus rapidement et a exprimé sa préférence pour investir dans des infrastructures, telles que des batteries de stockage d’énergie, plutôt que de verser des indemnités financières aux prosumers affectés par les décrochages des onduleurs. Il a souligné que les batteries peuvent offrir une solution durable et bénéfique pour l’ensemble du réseau, en améliorant la stabilité et la résilience du système électrique confirmant ainsi l'approche "OptiFlux" que nous avions présenté lors de notre audition au parlement Wallon le 3 juillet 2023

Il estime que cette approche est plus constructive et pérenne par rapport à l’octroi d’indemnités, qui peuvent être utilisées de manière moins productive. Il a insisté sur la nécessité de mener une discussion sérieuse et rapide, mais sans précipitation, afin de trouver des solutions concrètes et efficaces pour moderniser le réseau et soutenir la transition énergétique.

Le GRD a également reconnu que des pistes intéressantes ont été proposées, telles que le développement de systèmes de stockage et l’optimisation des réseaux basse tension. Il s'est dit prêt à collaborer étroitement avec les différents acteurs pour élaborer et mettre en œuvre ces solutions, soulignant l’importance d’une approche collective et coordonnée.


Conclusion

Les interventions de Régis François et Rémi Thirion ont mis en lumière les défis auxquels sont confrontés les propriétaires de panneaux photovoltaïques en Wallonie. La nécessité d'un cadre juridique stable, d'investissements dans les infrastructures et de l'utilisation de technologies innovantes pour gérer les problèmes de réseau a été clairement soulignée. Les réactions des gestionnaires de réseau montrent une volonté de collaborer pour trouver des solutions durables, en investissant notamment dans des infrastructures comme les batteries de stockage.

BeProsumer reste attentif à la future déclaration de politique régionale du nouveau gouvernement wallon et se tient disponible pour participer au groupe de travail en concertation avec les acteurs du secteur. L'association reconnaît qu'il reste beaucoup de travail à accomplir pour trouver des solutions et des compromis acceptables pour indemniser, d’une manière ou d’une autre, les victimes des décrochages de manière proportionnelle aux préjudices subis. Nous avons perçu une réelle volonté d'aboutir de la part des acteurs présents lors de cette première rencontre et nous restons engagés à défendre l'intérêt des prosumers, à court, moyen et long terme.

Bonjour, comment puis-je vous aider ?
Beprosumer
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