Deux grandes réformes vont modifier la facture d’électricité des ménages wallons dès le 1ᵉʳ janvier 2026 :
- un nouveau bihoraire appliqué à tous,
- un tarif “Impact” optionnel, réservé aux compteurs communicants.
Lors du RTL Info 13h, la journaliste Caroline Sury (L’Echo) est venue sur le plateau pour expliquer ces changements et leurs conséquences pour les consommateurs.
1. Ce qu’a expliqué Caroline Sury au JT
Sur le plateau, Caroline Sury commence par rappeler que la facture d’électricité se compose de trois éléments :
- le prix de l’énergie (kWh),
- les tarifs de distribution (coûts de réseau),
- les taxes et redevances.
La réforme 2026 vise surtout le 2ᵉ volet : les tarifs de distribution, en modifiant la manière dont ces coûts sont répartis au fil de la journée pour inciter les gens à consommer « au bon moment ».
Un nouveau bihoraire imposé à tous
Premier point détaillé au JT : le nouveau bihoraire qui remplacera les anciens schémas jour/nuit.
À partir du 1ᵉʳ janvier 2026 :
- les heures pleines se concentrent de 7h à 11h et de 17h à 22h ;
- les heures creuses couvrent 11h à 17h et 22h à 7h,
- ce nouvel horaire est valable 7 jours sur 7, sans distinction semaine / week-end.
Concrètement, cela crée une grande plage d’heures creuses en milieu de journée, là où la production photovoltaïque est souvent maximale.
Ce nouveau bihoraire sera appliqué automatiquement à tous les clients actuellement en bihoraire, qu’ils aient un compteur électromécanique ou communicant.
Le tarif « Impact » : 5 plages horaires, 3 niveaux de prix
Deuxième volet présenté : le tarif “Impact”, qui ne touche que la partie « distribution » de la facture.
La journée est découpée en cinq plages horaires, regroupées en trois catégories de tarifs réseau (ECO, MEDIUM, PIC) :
- Heures ECO (super heures creuses)
- 1h à 7h
- 11h à 17h
- Heures MEDIUM
- 7h à 11h
- 22h à 1h
- Heures PIC
- 17h à 22h
L’idée est d’orienter les ménages vers les heures où le réseau est le moins chargé (nuit et milieu de journée) et de dissuader la consommation pendant la pointe du soir.
Ce tarif « Impact » est :
- optionnel,
- réservé aux clients équipés d’un compteur communicant,
- accessible sur demande auprès du fournisseur, avec possibilité d’y renoncer plus tard pour revenir à un système mono ou bihoraire classique.
Caroline Sury illustre ensuite que :
- un ménage « moyen » qui adapte ses usages peut réduire ses coûts de distribution d’environ une bonne dizaine de pourcents ;
- un ménage équipé de gros consommateurs pilotables (par exemple une borne de recharge pour véhicule électrique) peut aller beaucoup plus loin en concentrant ses kWh sur les plages « ECO ».
2. Et pour les prosumers ? Un message de prudence
En fin de séquence, la journaliste attire l’attention sur un public particulier : les prosumers, c’est-à-dire les ménages équipés de panneaux photovoltaïques.
Pour ceux qui bénéficient encore du "principe du compteur qui tourne à l’envers" (La Compensation) (installations < 10 kW mises en service avant 2024, avec garantie jusqu’au 31/12/2030), le message est clair :
La prudence s’impose avant de se lancer dans le tarif Impact.
Les règles de tarification et de compensation évoluent, et toute décision prise trop vite peut avoir des effets négatifs sur la facture, notamment si le contrat ou le régime tarifaire est modifié en plein milieu du cycle annuel de compensation.
En revanche, pour certains prosumers qui consomment beaucoup plus qu’ils ne produisent (par exemple avec une pompe à chaleur ou une forte consommation de base), le nouveau bihoraire 2026 peut déjà être intéressant, à condition de pouvoir déplacer une part importante de leur consommation vers les heures creuses (11h–17h et 22h–7h).
3. Les risques spécifiques du tarif Impact pour les prosumers pré-2024
Sur base des informations disponibles et des retours que nous recevons du terrain, BeProsumer identifie deux grands types de risques liés au tarif Impact pour les prosumers encore en régime de compensation.
3.1. Le risque « classique » : casser le cycle annuel de compensation
Ce risque vaut pour tout changement de tarif ou de fournisseur en cours d’année, que ce soit pour passer :
- de monohoraire à bihoraire,
- de bihoraire à Impact,
- ou d’un fournisseur à un autre.
Si la modification intervient loin de la date habituelle du relevé annuel (ou du décompte annuel), vous pouvez :
- perdre tout ou partie de votre “réserve” de kWh accumulés en été,
- voir cette réserve non prise en compte correctement dans la nouvelle configuration.
Pour un prosumer qui bénéficient du principe de la compensation du compteur tourne à l’envers, cela peut représenter des centaines voire des milliers d’euros de perte sur une seule année.
📌 Recommandation BeProsumer :
Ne changez de contrat ou de configuration tarifaire (mono / bi / Impact) qu’au plus proche possible de votre relevé annuel, jamais « au hasard » en milieu d’année.
3.2. Le risque « nouveau » : la configuration hybride réseau/énergie
Le second risque est spécifique au tarif Impact et touche surtout les prosumers pré-2024 encore en compensation.
Pour que la compensation reste pleinement valable dans chacune des trois plages horaires (ECO, MEDIUM, PIC), il ne suffit pas que le tarif de distribution suive le découpage trihoraire défini par la CWaPE.
👉 Il faut aussi que le fournisseur applique exactement les mêmes plages horaires pour le prix du kWh d’énergie facturé.
À défaut, vous vous retrouvez avec :
- une partie réseau structurée selon les plages Impact (ECO / MEDIUM / PIC),
- une partie énergie basée sur un autre découpage (plages “maison” du fournisseur), proches mais pas identiques.
Dans ce cas, la compensation “horaire” devient :
- très difficile à suivre,
- et potentiellement défavorable pour le prosumer.
Comme le résume Rémi Thirion, vice-président de BeProsumer :
Tant que le fournisseur n’offre pas un vrai trihoraire calqué sur les plages Eco/Medium/Pic du tarif Impact, le risque est de s’engager dans une configuration hybride dont les effets financiers sont impossibles à simuler correctement.
Et ce risque n’est pas théorique. En coulisses, BeProsumer a reçu confirmation que :
- certains grands fournisseurs n’ont pas l’intention, à court terme, d’aligner leurs offres sur les tranches horaires Impact,
- certains indiquent même que, chez eux, le tarif Impact ne sera pas compatible, en pratique, avec le maintien du compteur qui tourne à l’envers.
D’où la question, très concrète :
Qu’arriverait-il à un prosumer qui s’engage dans un tel contrat sans en mesurer toutes les conséquences, perd le bénéfice de la compensation et découvre ensuite qu’il n’est pas possible de la récupérer dans les mêmes conditions ?
4. Les recommandations BeProsumer : Impact comme « deuxième pas », pas comme premier
À partir de ces constats, BeProsumer formule une ligne directrice claire pour les prosumers dont l’installation PV a été mise en service avant 2024 et qui bénéficient encore du compteur qui tourne à l’envers (jusqu’au 31/12/2030).
4.1. Pour la majorité des prosumers pré-2024 : commencer par le nouveau bihoraire 2026
En 2026, pour la grande majorité de ces prosumers, le choix le plus raisonnable sera de se limiter au nouveau bihoraire :
- Le bihoraire 2026 est une formule connue, reconnue et éprouvée.
- L’alignement technologique entre GRD et fournisseurs est déjà maîtrisé (gestion des registres jour/nuit, facturation, portails clients).
- Le monohoraire, lui, subit en 2026 une augmentation d’environ 13 % des coûts de distribution ; rester en monohoraire revient donc à subir cette hausse sans tirer parti des nouvelles heures creuses.
En résumé :
« Si vous voulez éviter l’augmentation du tarif de distribution en monohoraire, payer l’électricité prélevée un peu moins cher et déplacer une partie de vos consommations, le bihoraire 2026 constitue un premier pas raisonnable », résume Rémi Thirion.
4.2. Le tarif Impact : une très belle opportunité… mais pour plus tard, et pas pour tout le monde
Sur le papier, le tarif Impact reste une excellente opportunité pour :
- les ménages disposant de gros consommateurs flexibles (batterie domestique intelligente, voiture électrique, boiler électrique, etc.),
- capables de déplacer massivement leurs kWh vers les plages ECO (1h–7h et 11h–17h).
Mais pour les prosumers pré-2024 encore en compensation, BeProsumer insiste :
« Le tarif Impact doit être un deuxième pas, pas le premier, tant que nous n’avons pas pu identifier clairement, fournisseur par fournisseur, les contrats qui garantissent à 100 % le maintien de la compensation. »
Concrètement :
- Étape 1 (2026) : passer au bihoraire 2026, si votre profil de consommation s’y prête, et ne modifier vos régimes qu’au moment du relevé annuel.
- Étape 2 (plus tard) : envisager le tarif Impact uniquement lorsque :
- votre fournisseur propose un vrai trihoraire miroir des plages ECO / MEDIUM / PIC,
- et que BeProsumer aura pu vérifier que la compensation est réellement préservée.
BeProsumer s’engage à :
« passer au crible les offres disponibles et ne recommander le passage au tarif Impact qu’une fois identifiés les fournisseurs et les contrats réellement compatibles, sans risque de remise en cause du compteur qui tourne à l’envers. »
En conclusion
La séquence de Caroline Sury sur RTL Info joue pleinement son rôle : expliquer au grand public ce qui change en 2026.
Notre rôle, chez BeProsumer, est d’aller un cran plus loin pour décrypter ce que cela implique concrètement pour les prosumers.
Pour 2026 :
- Oui, le nouveau bihoraire est une opportunité à sérieusement envisager.
- Non, le tarif Impact ne doit pas être abordé à la légère, surtout si vous bénéficiez encore du "principe du compteur qui tourne à l’envers". (Communicant dans le cas du Tarif IMPACT)
Tant que les offres des fournisseurs ne sont pas parfaitement alignées sur les plages ECO / MEDIUM / PIC et tant que la compatibilité avec la compensation n’est pas garantie noir sur blanc, le tarif Impact reste un terrain miné pour les prosumers.
Nous vous tiendrons informés, sur notre site et dans nos prochaines newsletters, dès que certains contrats seront jugés “compatibles” par BeProsumer. D’ici là, prudence… et n’hésitez pas à consulter nos dossiers détaillés pour analyser votre situation avant de faire un choix.