Le 3 Aout 2025, Régis François, porte-parole de l’association BeProsumer, était l’invité du studio Sudinfo pour répondre aux nombreuses questions posées par les lecteurs du groupe Sudpresse. Sujet central : les décrochages d’onduleurs, un phénomène qui perturbe fortement la production photovoltaïque dans de nombreuses habitations wallonnes. Mais au fil de l’interview, d’autres thématiques fondamentales ont également été abordées : la modernisation du réseau, la responsabilité politique, l’indemnisation, les recours juridiques, ou encore le rôle des batteries domestiques et des compteurs communicants.
📺 L’interview intégrale est accessible sur Sudpresse :
👉 Lien vers l’article de Sudpresse – Interview de Régis François (03/08/2025)
⚠️ Un problème systémique : 1 installation sur 3 concernée
Selon les estimations de BeProsumer, environ un tiers des installations photovoltaïques wallonnes — soit près de 100 000 foyers — subissent régulièrement des décrochages d’onduleurs. Ces interruptions, souvent causées par une surtension locale sur le réseau, empêchent la production d’électricité et peuvent durer plusieurs heures, notamment lors des pics de production solaire (typiquement entre 10h et 17h).
Avec plus de 350 000 installations photovoltaïques en Wallonie, l’ampleur du phénomène est considérable. Il affecte non seulement la rentabilité des investissements réalisés par les citoyens, mais aussi leur confiance dans la transition énergétique.
🏗 Pourquoi en est-on là ? Des années sans investissements suffisants
Régis François explique que cette situation est le résultat d’une absence de vision à long terme, tant au niveau des gestionnaires de réseau de distribution (GRD) que de la gouvernance politique. Il compare le réseau à un bâtiment qu’on aurait laissé vieillir sans entretien :
« On a trop longtemps différé les investissements nécessaires. Résultat : aujourd’hui, on doit rénover en urgence. »
Un plan d’investissement massif à l’horizon 2035 est désormais prévu. Il est chiffré en milliards d’euros et sera en grande partie financé par les factures de tous les consommateurs, qu’ils soient prosumers ou non.
Mais ce plan arrive trop tard pour les nombreux prosumers qui voient leur production régulièrement bloquée.
🏛 Une indemnisation promise… mais toujours pas concrétisée
La déclaration de politique régionale 2024-2029 avait promis une indemnisation proportionnelle au préjudice subipar les prosumers. L’idée était simple et juste : plus on décroche, plus on est indemnisé.
Mais à ce jour, aucune mesure concrète n’a encore été prise, et les discussions semblent au point mort. Régis François souligne que ORES aurait transmis une proposition au cabinet de la ministre Neven, mais qu’aucun retour officiel n’a encore été communiqué.
« On nous avait promis une décision avant les vacances parlementaires… wait and see. »
⚖️ BeProsumer prépare une action collective
Face à l’immobilisme, BeProsumer prépare une action en justice collective au nom des membres lésés. L’objectif : faire reconnaître le préjudice économique lié aux décrochages et obtenir réparation.
En parallèle, Régis François rappelle que chaque citoyen a aussi la possibilité d’agir :
- En introduisant un recours devant le juge de paix (en cas de préjudice modéré, typiquement entre 300 € et 800 €),
- Ou, après 2 mois sans réponse de son GRD, en déposant un dossier auprès du SRME de la CWaPE (Service régional de médiation de l’énergie).
🔋 Les batteries intelligentes : la seule solution immédiate
Pour les particuliers confrontés à des décrochages répétés — ou à des interruptions volontaires du réseau (travaux, groupe électrogène) —, la seule solution technique à court terme reste l’installation d’une batterie intelligente avec fonction de déconnexion réseau.
Cette batterie permet :
- de continuer à produire et consommer l’énergie produite localement, même quand l’onduleur décroche,
- de limiter l’injection vers le réseau, réduisant ainsi les surtensions locales,
- et d’améliorer son taux d’autoconsommation, donc sa rentabilité.
Mais cela suppose un investissement important, alors même que les prosumers ont déjà payé pour une installation qui devrait fonctionner correctement via un réseau stable :
« Les particuliers sont à nouveau les dindons de la farce. Ils doivent compenser les lacunes d’un réseau qu’ils financent déjà . »
đź’¸ Tarif prosumer : vers une remise en question ?
BeProsumer avait proposé d’envisager une exonération partielle du tarif prosumer en cas de décrochages récurrents, estimant qu’il est injuste de payer pour un réseau qui empêche la production.
Mais cette idée n’a pas encore été retenue par les autorités :
« Aujourd’hui, les prosumers paient plein tarif, rubis sur l’ongle… pour un service qui ne fonctionne pas. C’est incompréhensible. »
📡 Le compteur communicant : un outil de mesure, pas une solution
Enfin, Régis François est revenu sur le rôle souvent mal compris des compteurs communicants. Il insiste sur le fait qu’ils ne résolvent pas les décrochages, mais qu’ils permettent de les détecter objectivement, ce qui est essentiel pour introduire une plainte ou un recours.
« Le compteur, c’est le tensiomètre. Le traitement, c’est l’adaptation du réseau. »
Il rappelle également que :
- le compteur communicant reste compatible avec le mécanisme du compteur qui tourne à l’envers pour les installations éligibles,
- son installation est gratuite, obligatoire (sauf dérogation médicale), et sans conséquence négative sur la compensation pour les prosumers qui en bénéficient encore.
📣 Conclusion
BeProsumer continuera de défendre les prosumers, de faire pression sur les autorités pour qu’elles tiennent leurs promesses, et de préparer les recours nécessaires. L’association invite ses membres à signaler tout décrochage, à documenter les interruptions, et à participer activement aux futures actions collectives.
📬 Les membres peuvent contacter BeProsumer via leur espace personnel ou le formulaire de contact disponible sur le site officiel.
Consultez notre rubrique décrochages
Consultez notre rubrique Compteurs Communicants
Consultez notre rubrique Batteries Intelligentes