À partir du 17 avril prochain, les panneaux photovoltaïques dits « plug and play », que l’on peut installer facilement sur un balcon, une terrasse ou même dans un jardin, feront leur apparition officielle sur le marché belge. Si cette innovation semble séduisante à première vue, Beprosumer s’interroge sur les conséquences potentielles pour les propriétaires traditionnels de panneaux photovoltaïques et le réseau électrique en général.
En effet, ces panneaux nouvelle génération promettent simplicité et rapidité d’installation : il suffit de brancher le panneau sur une simple prise électrique pour produire immédiatement de l’énergie verte. Déjà largement adoptés dans des pays voisins tels que la France, l’Allemagne ou les Pays-Bas, ces systèmes débarquent en Belgique en surfant sur une image « verte » et accessible à tous.
Cependant, pour Beprosumer, plusieurs aspects préoccupants émergent avec cette arrivée. Régis François, administrateur et porte-parole de notre association, alerte notamment sur le flou réglementaire qui entoure ces dispositifs : « Nous constatons que la loi impose aux propriétaires classiques de panneaux photovoltaïques des obligations strictes en matière d’installation, de sécurité électrique et de raccordement au réseau. Or, ces systèmes plug and play viennent contourner ces règles par un simple branchement dans une prise murale. »
L’association pointe également du doigt l’impact potentiel sur la qualité du réseau électrique déjà soumis à rude épreuve : « Nous alertons sur le risque accru de surtensions liées à l’injection directe d’énergie par ces systèmes non régulés. Les propriétaires traditionnels pourraient subir encore davantage de décrochages d’onduleurs, déjà problématiques aujourd’hui », précise Régis François.
Face à ce constat, Beprosumer demande que le cadre législatif soit clarifié sans attendre : « La Ministre wallonne en charge de l’Énergie doit prendre ses responsabilités et encadrer clairement ces dispositifs, en imposant les mêmes règles à tous les producteurs d’énergie solaire, sans exception », insiste Régis François. « À défaut, nous craignons une prolifération incontrôlée de ces panneaux, potentiellement préjudiciable à l’ensemble des prosumers et au réseau lui-même. »
Un autre aspect problématique soulevé par Beprosumer concerne une discrimination potentielle sur base du type de compteur installé puisque les compteurs communicants ne sont pas encore généralisés en Wallonie. De nombreux utilisateurs du réseau électrique disposent encore d’un compteur électromécanique. Ces compteurs, capables de tourner mécaniquement à l’envers, pourraient ainsi permettre aux nouvelles installations photovoltaïques « plug-and-play » de profiter du principe de compensation alors que, depuis janvier 2024, cette possibilité a pourtant été supprimée pour les installations photovoltaïques traditionnelles, créant ainsi une situation injuste où certains prosumers seraient avantagés par rapport à d’autres.
De plus, cette situation ouvre la porte à des abus potentiels, où des installations plug-and-play pourraient être installées sans aucune déclaration et au-delà des limites légales autorisées. Invisibles pour les gestionnaires de réseau et non vérifiables en l’absence de compteur communicant, ces installations permettraient à leurs propriétaires de bénéficier d’une énergie gratuite sans payer le tarif prosumer annuel, dont les propriétaires traditionnels d’installations photovoltaïques doivent pourtant s’acquitter scrupuleusement jusqu’à fin 2030.
Beprosumer tient à rappeler qu’un développement durable et équitable des énergies renouvelables passe avant tout par un cadre réglementaire cohérent et des mesures qui garantissent le respect des mêmes règles pour tous les acteurs impliqués.
