Revue de presse

Des prosumers face à un réseau électrique sous tension: les promesses d’ORES suffisent-elles ?

Avec des milliers de zones affectées, ORES planifie des interventions, mais les petits producteurs restent prudents

La croissance exponentielle des installations photovoltaïques en Wallonie a mis en lumière un problème persistant pour les propriétaires de panneaux solaires : les décrochages fréquents d’onduleurs lors de pics de production solaire. Ces interruptions, bien connues des prosumers, sont particulièrement fréquentes dans des régions comme le Brabant wallon où les surtensions peuvent se produire de nombreuses fois par jour, mettant à rude épreuve la patience et les investissements des ménages concernés.

Un Problème Ancré et Proliférant

ORES, en tant que principal gestionnaire du réseau de distribution en Wallonie, a reconnu l'ampleur du problème, exacerbé par un pic d'installations en 2023. En réponse, la société a annoncé le 16 avril 2024 un ambitieux plan de modernisation du réseau, estimé à six milliards d’euros d'ici 2038. Ce plan comprend des améliorations immédiates prévues pour 1.250 des 10.000 zones identifiées comme problématiques dès cette année. Cependant, même avec ces annonces, l'écart entre les besoins urgents et les ressources disponibles reste béant.

Fernand Grifnée, patron de ORES, interviewé sur La Première le 23/4/2024

Mesures Annoncées : Sont-elles à la Hauteur ?

La stratégie d'ORES s'articule autour de trois axes principaux:

  1. Installation de compteurs communicants : Ces appareils, essentiels selon ORES pour "voir" et diagnostiquer les problèmes de réseau, doivent permettre une meilleure gestion des surtensions. En pratique, tout client peut signaler une anomalie, et ORES s'engage à installer un compteur communicant dans les six semaines. Cette mesure, bien que prometteuse, soulève des interrogations quant à son efficacité réelle dans des délais raisonnables, surtout compte tenu de l'ambition de couvrir tous les ménages concernés d'ici 2030.
  2. Publication d'une cartographie des zones critiques : Fin avril, ORES devrait rendre publique une cartographie actualisée, basée sur les données des compteurs communicants. Cette cartographie classera les zones en plusieurs nuances, de "peu critique" à "très critique". Cette transparence est nécessaire, mais la communauté des prosumers se demande si les couleurs sur une carte se traduiront par des actions concrètes et opportunes sur le terrain.
  3. Planification des interventions : ORES promet de commencer les interventions en juin, avec un planning défini par une analyse poussée via l'intelligence artificielle. Néanmoins, sur les 1.250 zones ciblées pour 2024, nombre de ces interventions consisteront en optimisations simples, et aucune installation majeure de cabines électriques n'est prévue en raison de la lourdeur des procédures administratives.

Les Réalités du Terrain et les Attentes des Prosumers

Les petits producteurs photovoltaïques, déjà confrontés à des pertes de production et des frustrations, accueillent ces annonces avec un mélange d'espoir et de scepticisme. La complexité des interventions nécessaires et la lenteur des procédures administratives pourraient bien prolonger un statu quo préjudiciable. Le manque de personnel qualifié et les contraintes bureaucratiques sont autant de freins qui pourraient entraver la mise en œuvre rapide et efficace des solutions promises.

Conclusion: Un Dialogue Nécessaire et des Actions Concrètes

La communication transparente et le dialogue continu entre ORES et les communautés de prosumers seront cruciaux pour adapter les plans d'action aux réalités vécues par les petits producteurs. Seules des interventions ciblées et des améliorations tangibles du réseau permettront de rétablir la confiance et d'assurer que les investissements en énergies renouvelables des Wallons portent leurs fruits sans interruption. Les prochains mois seront déterminants pour évaluer l'engagement d'ORES à résoudre ces défis de longue date et à transformer les promesses en réal