Ceux qui souhaitent bénéficier de ce système de compensation ne doivent plus tarder car la date butoir est fixée au 31 décembre 2023. Quels sont les délais? Combien ça coûte?
À partir du 1er janvier 2024, les ménages wallons qui font installer des panneaux photovoltaïques (PV) sur leur toiture ne pourront plus bénéficier du système de compensation du compteur qui tourne à l'envers.
De fait, pour y avoir droit, il faut faire installer et réceptionner les PV au plus tard le 31 décembre 2023. Si tel est le cas, votre compteur tournera à l'envers jusqu'au 31 décembre 2030.
Quels sont les délais?
Lors de la crise énergétique, il y a eu une véritable ruée sur les PV. En septembre 2022, il était question, selon les cas, de délais de 10 mois entre la signature d'un devis et la pose effective des PV. La demande était tellement importante que certains installateurs n'acceptaient plus de nouveaux clients.
D'après un petit coup de sonde effectué auprès de deux installateurs, de même qu'auprès de plusieurs fournisseurs d'énergie (qui sont également actifs dans ce secteur), les délais sont désormais de 5 à 8 semaines.
Edora, la fédération des énergies renouvelables en Wallonie et à Bruxelles, tient à préciser que bien que certains installateurs aient encore des disponibilités, d'autres ont déjà des carnets de commandes remplis jusqu'à la fin de cette année.
Attention, "nous pensons qu'en septembre les délais vont réaugmenter avec le probable réveil de certains clients qui vont vouloir leur installation avant la fin de cette année", prévient Alexis Vander Putten, le CEO d'Energreen, une société active dans l'installation de solutions liées à l'énergie renouvelable.
En quoi consiste la "réception" des PV?
"Ceci dit, le plus important, ce n'est pas la date de pose des PV, mais bien celle de leur réception", renchérit François Raulier, responsable de ventes chez Oxira, une entreprise de rénovation spécialisée en énergie renouvelable.
Mais à quoi correspond cette réception? Une installation photovoltaïque ne peut pas être utilisée directement après sa pose. Elle ne peut être officiellement mise en service - en pratique, il suffira de remonter le disjoncteur de l'installation - qu'après son contrôle par un organisme agréé.
"C'est bien la date de visite de l'organisme agréé qui constate la conformité de l'installation qui doit être prise en compte pour la réception."
Porte-parole de Philippe Henry, le ministre wallon de l'Énergie.
C'est à ce moment-là, et donc à la date de cette visite, que l'installation sera officiellement réceptionnée. "C'est bien la date de visite de l'organisme agréé qui constate la conformité de l'installation qui doit être prise en compte", confirme Éric Biérin, le porte-parole du ministre wallon de l'Énergie, Philippe Henry.
Autrement dit, cette visite de conformité doit avoir lieu au plus tard le vendredi 29 décembre 2023 et bien sûr être positive. "Les particuliers ont donc intérêt à faire vérifier leur prise de terre et de manière générale leur installation électrique afin que la réception soit acceptée du premier coup", prévient Alexis Vander Putten.
Quels sont les délais pour une réception?
La réponse varie d'un installateur à l'autre, répond Edora. "Certaines société ont des partenaires réguliers, d'autres font au cas par cas."
"Nous travaillons en étroite collaboration avec un organisme de contrôle et nous bloquons des dates pour que la réception ait lieu dans la semaine qui suit la pose", indique François Raulier.
Même son de cloche chez Energreen. "Nous bloquons des dates pour que la réception ait lieu au plus tard deux semaines après la pose. Par conséquent, nos dernières installations pour profiter du compteur qui tourne à l'envers auront lieu le 15 décembre 2023 au plus tard", explique Alexis Vander Putten.
Via son partenaire pour l'installation de PV, Luminus confirme également un délai de 2 semaines. Il peut aller jusqu'à maximum trois semaines via TotalEnergies.
Combien coûte une installation?
Bonne nouvelle: il n'y a pas que les délais qui ont baissé, c'est aussi le cas du prix des installations. En septembre 2022, le prix moyen était de 1,8 euro/Wc HTVA pour du matériel de qualité, soit 9.000 euros pour une installation moyenne de 5.000 Wc.
Ce prix moyen se situe à présent à 1,5 euro/Wc, soit à 7.500 euros pour une installation moyenne.
Notez que les habitations de moins de 10 ans bénéficient d'un taux de TVA réduit à 6% sur l'installation de PV (à l'instar des habitations de plus de 10 ans). Mais à partir du 1er janvier 2024, ce taux repassera à 21%.
Quid en cas d'extension à partir de 2024?
Si vous souhaitez ajouter des PV à votre installation existante après la date du 31/12/2023, vous pourrez continuer à bénéficier du compteur qui tourne à l'envers à condition "que la puissance maximale injectée par l'onduleur n'augmente pas de plus de 1kW électrique et reste en deçà de 10 kW", prévient Éric Biérin.
En 2024, investir dans les PV sera-t-il encore rentable?
Bien sûr. Le prosumer (le nom donné au détenteur d'une installation photovoltaïque) pourra bénéficier du tarif d'injection comme compensation financière, à l'instar des prosumers bruxellois et flamands.
"Ceux qui seront soumis au tarif d'injection ne doivent plus payer de tarif prosumer."
Concrètement, lorsque l'électricité produite par les PV n'est pas autoconsommée (ou stockée dans une batterie), elle est injectée sur le réseau. Dans ce cas, le fournisseur d'énergie paie un tarif d'injection au prosumer.
Ce système permet à l'investissement de rester rentable mais l'amortissement prendra certes un peu plus de temps qu'avec le mécanisme du compteur qui tourne à l'envers.
Notez que ceux qui seront soumis au tarif d'injection ne doivent plus payer de tarif prosumer, contrairement à ceux qui bénéficient du compteur qui tourner à l'envers.
Y a-t-il du neuf à propos du décrochage?
Dans certaines communes, l'afflux de PV provoque le décrochage de tous les onduleurs d'un ou plusieurs quartiers. En clair, quand un onduleur décroche, l'installation s'arrête de produire, ce qui rallonge dans le temps la durée d'amortissement d'un investissement photovoltaïque.
Selon les cas, il est donc prévu d'indemniser les prosumers qui en sont victimes. "Le gouvernement wallon est dans l'attente d'une proposition de la CWaPE pour organiser concrètement cette indemnisation", indique Éric Biérin. "Cette proposition doit nous parvenir fin septembre et le gouvernement prendra une décision dans la foulée."
